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Une Colombe de la Paix pour la gestion des conflits à l'école ou à la maison

Gestion des Conflits : la Maison de la Paix 

Dans la cour de récréation les maîtresses ont dessiné une Maison de la Paix.
On y voit une colombe blanche, qui est une sorte de pigeon,
et des rameaux d’olivier. La colombe et l’olivier sont des symboles de Paix,
connus dans le monde entier.
– Une Maison de la Paix ? Mais qu’est-ce que c’est ? demande Thomas.
Moi, je sais ! dit Assan. Une maison de la Paix, c’est pour faire la Paix.
Évidemment ! Avec un nom pareil, on s’en serait un peu douté !
– Mais comment on fait ? s’interroge Yanis.
– Eh bien, c’est simple, dit la Maîtresse.
Quand tu te disputes avec quelqu’un dans la cour de récréation,
ou dans les couloirs, tu vas avec lui sous la colombe de la Paix
et tu essayes de régler ton problème,
car le règlement dit :
on doit s’entendre à l’école et jouer en paix dans la cour de récréation.
Chacun doit parler et essayer de bien comprendre l’autre.
Si vous vous êtes fait du tort, vous devez ensemble chercher une réparation.
Vous devez aussi trouver des solutions pour ne plus vous disputer à l’avenir.
Dès que vous avez fait la Paix, vous pouvez retourner jouer.
– Eh bien, ce n’est pas compliqué, dit Julie. J’y vais tout de suite !
– Ah bon ? Tu t’es disputé avec Anita ?
– Euh… non, mais c’est pour essayer !
La maîtresse rit :
– Si personne n’avait besoin d’y aller, ce serait encore mieux

Une aide pour l’école et pour la maison

De nombreuses écoles sont confrontées constamment au problème de disputes dans les cours de récréation. Celles-ci deviennent de plus en plus fréquentes, de plus en plus graves. On peut globalement constater que les enfants ne parviennent plus à régler leurs différends ni à communiquer autrement que par des agressions. La « technique » de la Maison de la Paix peut aider grandement à l’amélioration des relations entre les enfants, en leur permettant d’apprendre à négocier et à faire la paix entre eux, le plus souvent de manière autonome.

1. La gestion habituelle des conflits dans les cours de récréation de l’école ou à la maison

Les situations habituelles :

– un ou plusieurs élèves viennent se plaindre ensemble, les uns des autres.
– un ou plusieurs enfants se plaignent d’un ou plusieurs tiers.
– les enfants sont en train de se bagarrer ou de s’invectiver.

La méthode fréquemment utilisée par les enseignants est :

– une écoute, plus ou moins performante,
– une tentative de comprendre qui est le « coupable »,
– puis une mesure est prise (séparation dans le meilleur des cas ou punition de l’un ou de tous les protagonistes).

Cette méthode a pour conséquence :

– une cessation provisoire du conflit par mesure « géographique » ;
– une privation d’une ou partie de la récréation pourtant si nécessaire (alors que les neuropsychologues nous démontrent que l’agressivité des enfants est liée au fait qu’ils ne jouent plus assez et ne peuvent plus ainsi construire leur sociabilité) ;
– une injustice dans la plupart des cas, car il est bien souvent impossible de savoir qui « a commencé ». La punition va être choisie en fonction de celui qui aura su mieux se plaindre (encouragement des comportements de victime) ou mieux argumenter (au détriment d’un enfant qui a peut-être moins tort, mais qui est moins habile à faire valoir son point de vue). Elle peut être donnée en fonction de facteurs totalement inconscients de la part de l’enseignant (identification au plus jeune par exemple, ou à un des deux sexes, privilèges pour ses élèves plutôt que pour ceux d’une autre classe, etc.) ;
– du fait de cette injustice, une rancœur de celui ou ceux qui sont punis, rancœur  parfois violente à la fois contre l’enseignant et contre les autres enfants, amertume qui cultive la mauvaise image de soi et de l’autre et qui alimentent une escalade sans fin de futures disputes ;
– un entraînement à la récidive, car aucun des enfants n’a appris à faire la paix, à éteindre leurs différends et à jouer ensemble ;
– un manque d’éducation à la citoyenneté, un manque de conscience que la loi sociale humanisante est « de s’entendre, et de vivre dans la meilleure harmonie possible ».

Bref, c’est une méthode rapide, mais très insatisfaisante, car elle ne se résout rien et favorise de nouvelles disputes. Dans le meilleur des cas, l’enseignant est « tombé juste », il sait qui est « le coupable » ; dans le pire des cas, l’enseignant fait preuve d’un autoritarisme qui n’est pas forcément justifié. En effet, si des enfants entrent en conflit, c’est bien parce qu’il y a un problème à résoudre entre eux. Ce n’est pas nécessairement une punition qui doit être apportée, mais bien plus souvent une négociation, une compréhension, et, si besoin, une réparation.

2. La gestion des conflits à l’aide de la Maison de la Paix

Le principe est simple. Quand des enfants se disputent ou se plaignent d’autrui, tous les enfants en cause sont invités à aller régler leur différend dans un lieu précis de la cour et à trouver une solution pour que la dispute ne recommence pas.

Ce lieu est dénommé «Maison de la Paix », c’est un lieu soit provisoire (au pied d’un arbre, contre un mur) soit, mieux, formalisé par un décor peint ou fabriqué par les enfants.

Il peut y avoir le titre « Maison de la Paix » et en dessous, par exemple, une colombe. La délimitation de l’endroit est faite par des rameaux d’olivier. Celle-ci ne doit pas être trop vaste afin que les enfants puissent être assez proches les uns des autres.

L’adulte leur rappelle la Loi : « Nous devons vivre en bonne intelligence tous ensemble » (cette loi, ou une autre formulation, peut être inscrite sous la colombe de la Paix). Puis il les invite à trouver le moyen de résoudre le problème, de comprendre l’autre, de faire la paix, de faire les réparations nécessaires et surtout de voir comment ils peuvent faire pour que le conflit ne se renouvelle pas. Dès qu’ils ont trouvé, ils peuvent retourner à leurs jeux.

Dans la l’immense majorité des cas, les enfants sont très inventifs et trouvent rapidement une solution. Les enfants arrivent toujours à trouver un terrain d’entente et repartent sans rancœur (ce qui se serait immanquablement passé en cas de séparation ou de punition par l’adulte). Au pire, les enfants repartent chacun de leur côté, décidés à se laisser tranquilles, au moins provisoirement. Au mieux les enfants redeviennent « amis ». C’est toujours étonnant de voir, pour certains, la rapidité avec laquelle le processus a lieu : quelques-uns s’asseyent à peine et font déjà la paix ; d’autres, ayant déjà utilisé la Maison à la Colombe, disent d’emblée « bon, on fait la paix », dès qu’on la leur montre, avant même d’y mettre un pied, la dispute cessant immédiatement. Plus rarement même, certains y vont sans qu’on les y invite.

Dans de rares cas, le conflit ne se gère pas tout seul, en particulier quand un enfant est seul contre plusieurs moqueurs. Les autres veulent bien faire la paix (c’est normal, ils ne se sentent pas agressés), mais l’enfant souffrant lui, ne peut pas.  La blessure affective de l’enfant moqué est trop importante. L’adulte peut alors aider en faisant exprimer la douleur par l’enfant. En demandant aux autres de se mettre à la place et de ressentir ce que leur ferait une moquerie équivalente, en cherchant les réparations, en évoquant les points de la loi correspondants (« J’ai le droit d’être respecté, et moi aussi je respecte les autres »…), en travaillant sur le conflit lors de conseils.

D’une manière générale, la Maison de la Paix aide les enfants à résoudre de plus en plus rapidement leurs problèmes, les autonomise, leur permet de mieux intégrer les lois sociales.

Ainsi la diminution des conflits est spectaculaire et pour les enseignants, la gestion est très satisfaisante, rapide, confortable, facile et parfois émouvante.

3. La création d’une Maison de la Paix est très simple ou peut faire partie d’un véritable projet éducatif

– Français (recherche de texte à mettre dans la maison de la paix, trouver le mode d’emploi pour résoudre un conflit…).
– Peinture (colombe, rameaux d’olivier…),
– Recherche de sigle de la Paix sur internet.
– Travaux manuels (réaliser une colombe en plâtre qui sera mise sur le mur).
– Éducation à la citoyenneté.
– Développement des intelligences relationnelles.

4. Exemple :  cas particulier, trois Colombes de la Paix en plâtre ( groupe scolaire comportant trois écoles)

Nous utilisons un modèle sur une feuille A4, sur laquelle sont collées des briquettes de mousse. Quand le dessin est recouvert et a acquis un certain volume, on fabrique une branche d’olivier pour le bec avec de la pâte à modeler. Un papier de cellophane est posé sur l’ensemble, puis recouvert de bandes plâtrées. Quand les bandes sont sèches, le démoulage permet d’obtenir trois moules qui seront remplis de plâtre liquide. Une fois sec, l’œil et le bec sont peints et l’ensemble est verni.

La colombe pourra être collée sur le mur où l’on veut établir la maison de la Paix. Au pochoir, seront faits des rameaux d’olivier pour délimiter la Maison.

Les enfants auront lu la fiche technique du bricolage de la colombe (lire pour faire).

Grâce aux photographies prises pendant l’atelier, ils travailleront la mémoire et le compte rendu.

Autre Colombe de la Paix, faite avec des assiettes jetables :

Colombe de la paix – Bricolage pour la Maison de la Paix
Fabriquer une Colombe de la Paix en carton, pour l’utiliser dans la Maison de la Paix, à l’école comme à la maison (technique de gestion des conflits)

5. Bibliographie pouvant aider à la gestion des conflits à l’école, comme à la maison

  • Et si un geste simple donnait des résultats. Trudeau, h., Desrochers, c., Tousignant, j.-l. (1997). Montréal, Toronto, Chenelière /McGraw Hill.
  • La démocratie à l’école : apprendre, mais ensemble Cellier, Hervé Harmattan, 2000.- 128 p. ; 22 x 14 cm.
    L’éducation à la citoyenneté est devenue un thème majeur à l’école. Les enfants souhaitent être associés aux décisions les concernant. Il est donc question de la démocratie dans l’école, c’est-à-dire de la place de l’enfant et de l’enseignant. Les huit points proposés dans cet ouvrage sont comme une invitation à rendre la vie scolaire active et vivante.
    Niveau élémentaire
  • Pour une éducation à la non-violence : activités pour éduquer les 8-12 ans à la paix et à la transformation des conflits Gerber, Jeanne Chronique Sociale, 2000.- 173 p.
    Proposition d’activités pour éduquer les 8-12 ans à la paix et à la transformation des conflits en source d’énergie et facteur de changement, favoriser l’autonomie, l’écoute, la connaissance des autres et la communication.
    Niveau cycle 3 : cycle des approfondissements/6ème : cycle d’adaptation
  • Sortir du mal-être scolaire : promouvoir la fonction accompagnement Wiel, Gérard Chronique Sociale, 2000.- 132 p.
    Cet ouvrage permet de reconnaître l’existence de la pathologie scolaire qui, sous ses trois modalités, touche la classe par le syndrome d’anorexie scolaire, détruit l’adolescent par le syndrome d’échec scolaire, et pervertit la relation pédagogique chez l’enseignant par le syndrome de défensivité. L’objectif de l’auteur est de mesurer l’ampleur de ce mal-être qui ronge l’institution scolaire.
  • La réparation : pour une restructuration de la discipline à l’école. Guide d’animation Gossen, Diane Chelsom Chenelière, 1997.- 136 p.
    Ce guide contient des sujets de discussion, des fiches de travail et des suggestions d’activités nécessaires pour explorer et enseigner les concepts reliés à la réparation. L’auteur suggère une démarche en deux parties : apprendre aux enseignants à auto-évaluer leur style de gestion de classe, aider les élèves à comprendre et à mettre en pratique la réparation à l’aide de fiches reproductibles.
  • La réparation : pour une restructuration de la discipline à l’école Gossen, Diane Chelsom Chenelière, 1997.- 156 p.
    Cet ouvrage pratique fait redécouvrir le sens véritable de la discipline. L’objectif est d’amener l’élève à s’autodiscipliner. En axant la gestion de la discipline sur le principe de la réparation, les élèves découvrent la partie créative de l’autodiscipline. Faire des erreurs ? Oui, mais en assumer la responsabilité et assurer réparation.
  • Le Conseil de coopération : un outil pédagogique pour l’organisation de la vie de classe et la gestion de conflits Jasmin, Danielle Chenelière, 1994.- 121 p. : ill.
    Réunion hebdomadaire de tous les enfants avec l’enseignant pour élaborer les règles de vie, planifier les projets collectifs et trouver des solutions aux problèmes de la classe. C’est un moyen de responsabiliser les enfants, de leur permettre de faire des apprentissages en français, en sciences humaines et en formation personnelle et sociale, et de les faire vivre dan un climat de respect, de démocratie et de coopération (réduction de la violence physique et verbale).
    Niveau élémentaire
  • (les éditions Chenelière éditent des livres extrêmement bien faits, fouillés, pratiques, modernes, coopératifs … et visuellement agréables …)

 

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